Jean-Daniel OEHLERT (1765-1814), un Ostheimois commande une troupe de contre-chouans à l’époque de la révolution.
Jean-Daniel Oehlert est né à Ostheim le 6 juillet 1765. Il s’engage au régiment d’Alsace le 6 août 1787, est incorporé au 5e bataillon du Haut-Rhin, nommé capitaine le 16 septembre 1792, et prend part à 52 combats avant sa venue dans la Mayenne. En 1795, une compagnie de contre-chouans est créée. Jean-Daniel Oehlert est placé à la tête de celle de Laval. Etranger au pays comme la plupart de ses hommes, il comprend cependant mieux que personne la guerre de partisans.
Capitaine de 85e demi-brigade, il fut chargé par le général en chef du commandement de cette compagnie, avec Laval pour résidence.
Connu sous le nom de « Grand-Pierrot » ou de « Grand-Allemand » (son passeport conservé aux archives de la Mayenne nous informe sur sa taille : 1,90 m), Jean-Daniel Oehlert devient rapidement le principal ennemi des chouans mayennais. Aussi, Claude-Augustin Tercier, ancien officier de l’armée royale, chef des chouans de Vaiges, est résolu à s’en débarrasser. Le plan qu’il imagine échoue.
Pendant la durée de sa présence en Mayenne, Jean-Daniel Oehlert est continuellement aux prises avec les chouans. Il raconte : « Beaucoup de personnes se sont étonnées de m’avoir vu conserver la vie sauve ; car, obligé de me battre trois, quatre, cinq et même six fois par jour avec les rebelles, mes habits ont été traversés de part en part, sans que j’ai été blessé ». Il écrit dans une lettre publiée dans un journal républicain qu’ « il a constamment battu les chouans qui le regardaient comme un sorcier et disaient qu’il charmait les balles ».
Grâce à cette réputation d’invincibilité, sa réputation est née !
La Mayenne pacifiée, Jean-Daniel Oehlert est appelé à de nouvelles fonctions en novembre 1796 et entra dans la garde du Directoire à Paris. Il y réside avec sa femme Françoise-Marie-Madeleine Pottier-Fortinière, originaire de Laval.
Deux ans plus tard, il est de retour en Mayenne avec le grade d’adjudant-colonel. L’administration du département de la Mayenne et les habitants ont demandé qu’il reprenne du service contre les « mécontents », chouans qui se sont organisés pour mener une nouvelle révolte à l’occasion des défaites militaires que connaît alors la République. Notre officier républicain ne « charme » plus les balles. Il en reçoit trois lors d’un combat contre les chouans. Grièvement blessé, il ordonne à ses hommes de poursuivre leurs ennemis plutôt que de s’occuper de lui. Il est rapatrié à Laval, et devant la gravité de la blessure, la décision est prise de le transférer à Paris. Les conditions de voyage (15 jours) sont si mauvaises qu’il imagine le plan d’une « machine » pour transporter les blessés, qui sera soumis à Bonaparte, premier consul.
En 1798 il devient commandant de la forteresse d’Oléron. Il est nommé adjudant supérieur chef de brigade titulaire en 1801 par Bonaparte. Il finit ses jours à Laval où il meurt le 5 décembre 1814.
Sources :
Abbé Alphonse Angot, Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne, imp. Goupil, 1900-1910
Anthony Robert, Jean-Daniel Oehlert et ses armes, un alsacien contre les chouans, revue Maine Découverte n° 66 sept. – oct. – nov. 2010
Ernest Laurain, Chouans et contre-chouans Denis Brice dit Tranche-montagne Daniel Oehlert dit le Grand-Pierrot, Laval, Goupil, 1928
Archives départementales de la Mayenne, Laval